Vous vous demandez comment devenir coach en développement de carrière (ou coach professionnel) ? J’ai déjà rédigé un article pour présenter ce qu’est le coaching et ses fondements, son esprit, ses modalités et son évolution à l’international : « Avez-vous entendu parler du coaching ? Qu’est-ce que le coaching ? ».
Cette fois-ci, je souhaite aborder l’autre versant : le coaching professionnel, comme n’importe quelle profession, s’inscrit dans une réalité économique avec des défis et des conditions spécifiques. Peut-être n’est-ce pas aussi “libre et facile” que vous l’imaginez ; ce n’est pas non plus un job où l’on attend tranquillement que les clients arrivent pour discuter autour d’un café. Au fond, un coach d’orientation professionnelle, tout comme un consultant ou un formateur, est un “fournisseur de services spécialisés” qui doit conjuguer technique et esprit d’entrepreneuriat.
Le métier peut se décliner sous deux formes :
- Coach indépendant : Il doit non seulement maîtriser les techniques de coaching, mais aussi assurer la gestion d’une activité entrepreneuriale. Il peut travailler pour des clients individuels ou des entreprises, voire collaborer avec des associations, des pouvoirs publics, ou des cabinets de conseil/organismes de formation, selon le business model qu’il développe.
- Coach salarié : Embauché dans une grande entreprise (souvent rattaché à la RH), dans un établissement d’enseignement (comme coach d’orientation), ou dans un cabinet de conseil pour accompagner les missions de transformation, etc. Ce segment est plus répandu en Occident (États-Unis, Europe) que dans des marchés encore émergents, où l’on fait parfois appel aux RH, psychologues ou consultants en place pour assurer ce rôle.
Après ce cadre un peu formel, j’aimerais partager quelques observations “surprenantes” concernant le métier de coach en carrière. N’hésitez pas à me dire en commentaire quel point vous intrigue le plus !
1. Pas de réglementation explicite, ni de diplôme reconnu d’État
Il n’existe aucune loi cadrant le “métier de coach”. Aucune filière officielle n’est requise, si bien qu’aux niveaux administratifs, on est souvent forcé de cocher la case “conseil en management”. Quand vous dites “Je suis coach” à vos proches, il faut souvent expliquer ce que ça signifie, d’autant plus qu’il n’y a pas de “diplôme d’État” qui validerait cette spécialité. Par conséquent, l’expérience professionnelle précédente du coach joue souvent un rôle déterminant dans le choix du client. Certains voient ce vide légal comme le “Far West” du coaching… D’où l’importance des organismes internationaux comme l’ICF (International Coaching Federation), l’IAC (International Association of Coaching) ou l’EMCC (European Mentoring and Coaching Council), qui introduisent des normes et un “label de qualité”. Leur but est de faire connaître le coaching, mais aussi de garantir un certain niveau de professionnalisme. Ainsi, si vous souhaitez embrasser cette carrière, jetez un œil aux programmes de formation reconnus par ces fédérations, afin de renforcer votre crédibilité.
2. De lourds coûts initiaux “comme le Titanic” (forte barrière à l’entrée)
Se former au coaching professionnel (pour être reconnu(e) par l’ICF ou un organisme équivalent) exige un investissement financier important. Pour obtenir le premier niveau de certification ICF (ACC), il faut plusieurs mois à un an. À ce stade, beaucoup de DRH, managers ou consultants s’y forment pour acquérir une “posture de coaching” dans leur métier, sans forcément devenir coach à temps plein. Le deuxième niveau (ICF PCC) requiert au moins 500 heures de pratique, un an et demi à deux ans de formation et d’expérience cumulées. Les entreprises de taille moyenne ou importante, lors de l’embauche d’un coach externe, exigent souvent ce niveau. Le troisième niveau (ICF MCC) impose plus de 2500 heures de pratique, validées en trois ans renouvelables… Autant dire qu’il s’agit d’une longue quête. Le coaching n’est pas une simple conversation : en une heure, le coach doit aider le client à clarifier son objectif, lever ses freins, et aboutir à une ébauche de plan d’actions. Cela requiert une bonne dose de vécu, de discernement et de technique. Pour donner un ordre de grandeur : en janvier 2022, l’ICF recensait plus de 40 000 coachs certifiés. Parmi eux, 55,2 % étaient ACC, 41,0 % PCC et 3,7 % MCC. Par ailleurs, il faut renouveler sa certification tous les trois ans, ce qui implique de la formation continue, de la pratique… Bref, un cycle d’apprentissage et de mise à jour permanent. Même si cela ressemble à un investissement colossal (qui risque de “couler” si on échoue), beaucoup considèrent cette formation comme une “investissement utile pour soi-même”, même si l’on n’en fait pas un business à part entière. Après tout, réussir en tant que coach indépendant exige aussi un solide business plan ; or, on sait que toute création d’entreprise comporte des risques.
3. Une soif d’apprentissage sans fin
Devenir coach, c’est apprendre en continu. Une fois la certification de base en poche, vous souhaiterez sans doute découvrir d’autres modèles : PNL (Programmation Neuro-Linguistique), Systémique, Analyse transactionnelle, etc. Moi-même, j’ai ajouté des briques comme la certification PCM (Process Communication Model®) ou encore le label de formateur d’entreprise délivré par la CCI en France. Il est donc crucial d’élaborer son “plan de carrière” en tant que coach, identifiant le marché cible et les domaines théoriques à maîtriser pour renforcer votre crédibilité. Question fréquente : “Faut-il adorer lire et se former ?” Le terme “adorer” est relatif, mais sans un grand intérêt intellectuel (curiosité, soif d’apprendre…), il est compliqué de durer. Le coaching est situé au carrefour de la psychologie, des sciences de gestion et du comportement organisationnel. On doit s’y intéresser pour rester au fait de l’évolution des pratiques.
4. Un code de déontologie exigeant
Vu qu’un coach entretient une relation interpersonnelle intime (et qu’il peut être témoin d’informations internes à l’entreprise), les organismes internationaux imposent un code éthique strict. Citons notamment :
- Confidentialité : Sauf accord explicite, le coach ne révèle pas l’identité de son client ni ce qui se dit en séance.
- Gestion des conflits d’intérêts : Par exemple, on ne peut pas coacher simultanément un subordonné et son patron si cela affecte la neutralité.
- Respect du cadre contractuel : Clarifier le but, la durée, les conditions financières, etc.
La charte de l’ICF détaille ces points. Tout manquement sérieux peut mener à la suspension ou au retrait de la certification.
5. Un métier “M” dans la répartition des revenus
Comme de nombreux secteurs, le coaching présente une distribution “m” : un petit nombre de coachs executive très demandés (sur le marché des grandes entreprises) facturent 500 € ou plus de l’heure, tandis que d’autres offrent des tarifs bien plus bas. Le prix dépend du marché, du niveau de certification, du positionnement, etc. Dans les faits, beaucoup de coachs ont une autre source de revenu complémentaire. C’est particulièrement vrai si le coach vise les hauts dirigeants : en général, l’indépendant doit être lui-même issu d’un niveau de rémunération suffisamment élevé pour garder son train de vie. Il faut un plan d’affaires solide. Cependant, pour ceux qui ne cherchent pas à vivre uniquement du coaching, cette activité peut être un atout secondaire, s’ajoutant à un métier de consultant, formateur ou DRH.
6. Un “syndrome du coach” (effet secondaire rigolo)
Lorsqu’on adopte les techniques de questionnement et d’écoute active, c’est difficile de s’en défaire dans la vie courante. On perçoit des angles morts chez l’autre, on aimerait l’aider à clarifier ; on oublie parfois que la situation n’est pas un coaching contractuel… Il m’est déjà arrivé que mon conjoint me dise : “Arrête d’utiliser tes méthodes sur moi !” — D’expérience personnelle, c’est très fréquent. Par ailleurs, un coach peut-il s’énerver ? Bien sûr. “Le coach” n’est qu’un rôle. En dehors, on est une personne avec nos émotions. Le fait d’être formé nous rend plus conscients de nos biais, de nos “incohérences”, mais on reste libre de basculer en mode “sans effort” quand on se détend.
7. Un coach ne donne pas de conseils directs
De nombreux clients découvrent, lors du premier entretien, que “le coach ne va pas me dire quoi faire”. En effet, le coaching se différencie du conseil (consulting) ou du mentorat. Le consultant apporte des solutions prêtes ; le coach va plutôt soutenir la réflexion, la remise en question, la construction par le client de sa propre solution. L’objectif est d’accroître l’autonomie du client, sa responsabilité et la pertinence de ses décisions. Ce faisant, la réussite dépend en grande partie de la motivation du coaché. Comme un coach sportif qui ne peut pas courir à la place de l’athlète, le coach professionnel n’atteint pas vos objectifs à votre place. En vous engageant dans un processus de coaching, vous vous faites la promesse de consacrer de l’énergie à ce but.
8. Un coach ne peut pas accepter n’importe quel client
L’appât du gain pourrait faire croire qu’un coach prend n’importe quelle mission. Pourtant, pour préserver la qualité et l’éthique, un premier entretien gratuit (intake) permet de vérifier si la demande du client relève vraiment du coaching, si l’objectif est clair, si la relation mutuelle est adaptée. Un “bon départ” est essentiel pour éviter les déceptions. – Si le client n’est pas encore prêt, pas assez motivé (but flou), le coach peut suggérer de réfléchir encore avant de s’engager. – Si le coach détecte un épuisement ou une dépression sévère, il oriente vers un psychologue, car une personne en détresse n’est pas dans les bonnes dispositions pour un plan d’action. – Si l’objectif est purement l’acquisition d’un savoir (apprendre un logiciel, améliorer son anglais…), ce n’est pas le domaine du coaching, mais plutôt d’une formation ou d’un mentor expert. Clarifier ces frontières est déjà un service précieux. Une fois le contrat signé, le “coaching” impose une égalité contractuelle, un cadre clair, un respect mutuel.
Qu’est-ce qui vous surprend le plus ?
En lisant tout ceci, vous comprenez que le métier de coach s’inscrit dans la loi de l’offre et la demande, et son exercice comporte des conditions rigoureuses (formations chères, processus d’accréditation, nécessité de démarcher ses clients…). L’aspect “j’aide les gens” existe bien, mais c’est comme dans n’importe quel job : être compétent et agréable pour autrui, c’est déjà de l’aide. Certains me disent “C’est génial d’être coach : tu gagnes de l’argent tout en aidant les autres”. Mais comme vous l’avez vu, l’aisance financière n’est pas automatique. Par contre, le fait d’aider les gens n’est pas exclusif au coaching : tout professionnel, s’il fait son travail consciencieusement, apporte un service utile au bénéficiaire.
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